Les sites contaminés par des pollutions ponctuelles comme les décharges impactent fréquemment la qualité des eaux souterraines. Du fait de la diversité des déchets déposés, les décharges sont sources d'une grande variété de contaminants, incluant des substances émergentes. L'ancienne décharge municipale de la Prairie de Mauves, située à Nantes (France) sur des alluvions de l'estuaire de la Loire, permet de l'illustrer. Ce site atelier fait partie du réseau SAFIR et du SNO Observil. Un enregistrement quotidien des niveaux piézométriques, de la conductivité électrique et de la température de l'eau souterraine en différents points est en place depuis 2014. 9 substances émergentes ont été recherchées parmi plus de 80 paramètres de qualité entre 2013 et 2019 dans les lixiviats ainsi que dans les eaux souterraines en amont et en aval hydraulique du site. Six (6) substances émergentes ont été quantifiées dans les lixiviats, incluant des perturbateurs endocriniens (comme du Bisphenol A jusqu'à 23 µg/l et du tolyltriazole jusqu'à 0.87 µg/l). La plupart des substances détectées dans les lixiviats ont été trouvées dans les eaux souterraines en aval immédiat du site, beaucoup moins quelques centaines de mètres plus loin. Le Bisphenol A est trouvé en aval éloigné. Les anciennes décharges sont susceptibles de générer des pollutions diffuses des eaux continentales (souterraines et superficielles), estuariennes et marines. Des impacts sur la faune (aquatique) sont également possibles. Une meilleure caractérisation des molécules générées par ces sites apparait ainsi nécessaire, de même qu'une meilleure compréhension de leur devenir.