Notre travail de synthèse sur les porte-parole pendant la Révolution française obéit à un certain nombre de principes que nous souhaitons présentement développer d’une part sur la base de l’apport foucaldien en matière de pastorat présenté dans un de ses cours, d’autre part autour du législateur Sieyès et le moment 1789, auquel Foucault prête également une attention particulière dans un autre de ses cours. Dans ses cours des années 1976-1978, Michel Foucault entame sa réflexion sur la gouvernementalité et la biopolitique en considérant que les mécanismes du dispositif contemporain de pouvoir se mettent en place à partir du 18ème siècle. A ce titre, l’avènement du porte-parolat, en particulier pendant la Révolution française, est contemporain d’un nouveau dispositif de pouvoir. Dans ce temps de maturation de sa conception de la biopolitique, Foucault parle de ce dispositif révolutionnaire un court moment à propos de la conception propre à Sieyès de la Nation, mais il préfère partir d’un abord de l’âge pastoral, donc du temps historique du pastorat bien antérieur au siècle des Lumières. A partir de cet apport foucaldien peut se préciser toute une série de techniques de pouvoir spécifiques du porte-parolat qui sont basées sur des mécanismes de transfert, des procédures d’inversion, des jeux d’appui d’éléments contraires et des démarches de distribution paradoxale par le fait de relations à la fois de réciprocité et d’exclusion.